mardi 13 mai 2025

"Discours pour le prix de la paix des libraires et éditeurs allemands", Boualem Sansal

 Les éditions Gallimard proposent une collection originale de textes courts, baptisée "Tracts". Dans cette série d'une centaine de titres, la diversité culturelle et le pluralisme politique se mêlent sans polémique stérile. J'ai donc lu le discours de Boualem Sansal lors de la remise pour le Prix de la Paix des libraires et éditeurs allemands en 2011. Des lauréats prestigieux ont obtenu cette récompense comme Jorge Semprun, Salman Rushdie, Claudio Magris, et tant d'autres intellectuels importants. Boualem Sansal déclare : "L'absence de liberté est une douleur qui rend fou à la longue. Elle réduit l'homme à son ombre et ses rêves à ses cauchemars". L''enfermement injuste et arbitraire de l'écrivain franco-algérien résonne tout au long de ce tract qui, une fois acheté, permettra de soutenir la société internationale qui milite pour sa libération. Le contexte politique des années 2010 du "Printemps arabe" pouvait donner un espoir à l'écrivain. Il évoque Assia Djebar, une écrivaine algérienne, académicienne qui a oeuvré pour la liberté des femmes : "Que, sans femmes en pleine possession de leur liberté, il n'y a de monde juste nulle part, il y a un monde malade, ridicule et hargneux". Il rappelle la décennie noire dans son pays dans les années 90 en parlant des "hordes islamistes" voulant imposer une dictature théocratique. Dans ce texte, il rend hommage à son épouse, Nahiza, en s'adressant ainsi : "Merci pour tout, pour ton amour,  ton amitié, ta patience et ce courage tranquille dont tu as fait montre toutes ces années". Il évoque sa stupéfaction d'avoir été choisi, lui, un "écrivain modeste, un militant d'occasion, un scribouillard comme on dit de moi à Alger dans les milieux autorisés".  En tant qu'algérien, l'écrivain n'a connu que la guerre, des guerres entre Arabes et Berbères, entre les religieux et les laïcs, entre le pouvoir dictarorial et le peuple otage. Pour Boualem Sansal, tout est à reconstruire : "Le plus dur reste à faire, se libérer et se reconstruire dans un état démocratique ouvert, accueillant, qui donne une place à chacun et n'impose rien à personne". Un beau programme utopique que les politiques devraient appliquer dans toutes les pays du monde. Et Boualem Sansal est toujours en prison. Un scandale d'état. Quand va-t-il retrouver la liberté et la paix ? Personne ne le sait sauf ses géoliers institutionnels de l'autre côté de la Méditerranée. 

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