mercredi 27 novembre 2024

Le goût des musées, Paris, le Petit Palais

 Le Petit Palais, face au Grand Palais, est sorti de terre en 1900 pour l'Exposition universelle de Paris. Il est ensuite devenu le musée des Beaux-arts en 1902 pour abriter les riches collections de la ville de Paris. Pendant plus de vingt ans ont été nécessaires pour décorer les salles immenses de l'édifice. J'ai donc vu récemment deux belles expositions temporaires : celle consacrée à Jusepe de Ribera et l'autre à un peintre suédois, Bruno Liljefors. Je connaissais un peu Ribera (1591-1652), peintre espagnol du qui fit toute sa carrière en Italie. Les critiques le qualifient d'héritier du Caravage. Ses tableaux révèlent un réalisme cru dans une "gestuelle théâtrale". L'utilisation du clair-obscur amplifie un "ténébrisme extrême". Baudelaire et Manet admiraient cet artiste torturé. Plus d'une centaine de peintures, dessins et estampes, venus du monde entier, montrent la dimension baroque et audacieuse de ce peintre italo-espagnol. Une redécouverte pour moi : des scènes mythologiques et religieuses, des anges protecteurs, des natures mortes et même des paysages étonnants. Un deuxième peintre d'un univers complétement différent a attiré mon attention. Il s'agit de Bruno Liljefors, un artiste suédois incontournable de la peinture scandinave de la fin du XIXe siècle. Les peintures sont dédiées à la nature et aux animaux qui la peuplent. Passionné par le monde vivant, il dessine à merveille des tétras, des balbuzards, des chardonnerets, etc. Les oiseaux le passionnent en particulier. Ses recherches picturales sont basées sur le traitement de la lumière et de l'atmosphère. Cette ambiance hivernale, neigeuse et naturelle m'a rappelé mon séjour à Stockholm, une ville fabuleuse, un joyau de l'Europe du Nord. Les collections permanentes du Petit Palais sont aussi très intéressantes. Ce musée possède un jardin, un havre de paix, organisé autour de trois bassins, pavés de mosaïques aux tesselles bleues et dorées. Après une longue visite, un café-restaurant accueille le public visiteur. J'avais envie de raconter dans ce blog mes musées parisiens préférés. Je peux citer évidemment le plus beau, le plus grandiose, le plus riche : le Louvre, un monde en soi, la planète de l'art mondial, un lieu magique. Paris, même si la ville est parfois invivable, offre tout de même une offre culturelle exceptionnelle dans sa gamme de musées. Un chiffre astronomique : 62 musées ! Qui dit mieux ? 

lundi 25 novembre 2024

Le goût des musées, Paris, l'Orangerie

 Le musée national de l'Orangerie est situé dans le jardin des Tuileries, du côté de la place de la Concorde. Rattaché depuis 2010 au musée d'Orsay, il présente exclusivement des peintres impressionnistes et postimpressionnistes. Construit en 1852 comme une serre, l'édifice servait à stocker les orangers du jardin des Tuileries. Evidemment, les touristes se précipitent tous vers les "Nymphéas" de Claude Monet et Clemenceau sera l'artisan de l'installation des huit tableaux dans deux salles ovales, soit au total, 91 mètres linéaires de nymphéas. Si je le visite une fois par an, j'ai surtout une bonne raison : retrouver les quinze tableaux de Paul Cézanne que j'admire beaucoup. Mais, j'ai appris que tous ces tableaux partent pour deux ans en... Asie ! Je me suis donc contentée de l'exposition Heinz Berggruen, un marchand et sa collection : Picasso, Klee, Matisse, Giacometti du musée d'art moderne de Berlin. Ce marchand d'art a fui l'Allemagne en 1936 en raison des persécutions nazies. Il ouvre une galerie à Paris et constitue une collection d'art moderne qu'il lègue à l'Etat allemand. Ce mécène a rencontré Picasso par l'entremise de poète Tristan Tzara et dans l'exposition, les nombreuses facettes du peintre espagnol sautent aux yeux : figuratif, cubiste et même surréaliste parfois dans ses portraits de femme. J'ai remarqué aussi les sculptures de Giacometti, des silhouettes filiformes en proie à une solitude existentielle qui se croisent sans se rencontrer. Je n'ai pas oublié de revoir Modigliani, Derain, Matisse, etc. J'ai quitté ce beau musée à la nuit tombée en profitant de l'ouverture en nocturne du vendredi. J'ai traversé le jardin des tuileries avec ses lampadaires et ses arbres illuminés. La foule des touristes avait déserté ce lieu magique en fin de journée et j'avais l'impression que les statues se réveillaient et marchaient vers moi. Paris provoque parfois des mirages fantasmatiques : voir Louis XIV déambuler dans les allées, ou Marie-Antoinette, et Diderot, et Voltaire. Je ressens le même phénomène quand je traverse le jardin du Palais royal car j'imagine ma chère Colette humant les massifs de fleurs et discutant avec son ami, Jean Cocteau. Paris était le paradis des écrivains et aujourd'hui ? 

vendredi 22 novembre 2024

Le goût des musées, Paris, le Centre Pompidou

 Le centre national d'art et de culture Georges Pompidou, appelé plus familièrement, le centre Pompidou ou Beaubourg, va bientôt fermer ses portes pendant cinq ans pour des travaux de rénovation. Ce musée contemporain a vu le jour en 1977 et attire toujours des millions de visiteurs, dont dix mille par jour. Cet édifice au visage industriel frappe toujours les visiteurs mais j'avoue que je préfère une architecture plus traditionnelle comme le Louvre. Tous les supports culturels cohabitent : les livres avec sa bibliothèque publique d'information, les arts plastiques, la musique, le spectacle vivant, le cinéma. Cette année, Beaubourg a fêté les cent ans du surréalisme avec plus de deux cents oeuvres exposées. Et comme ce mouvement artistique séduit les amateurs d'art, les touristes et les curieux, il fallait attendre plus d'une heure pour entrer dans les salles. Je n'apprécie guère ces files d'attente souvent épuisantes. J'ai préféré délaisser cette exposition pour retrouver la collection permanente du musée national d'Art moderne (MNAM) bien plus passionnante que l'exposition surréaliste. La collection est la deuxième plus grande du monde après celle de New York. Le fonds initial provient du musée du Luxembourg et beaucoup d'artistes ont fait des donations. J'ai donc retrouvé avec plaisir Picasso, Braque, Matisse, Chagall, etc. Comme le musée s'enrichit sans cesse, j'ai vu une salle entière consacrée à Anselm Kiefer, toujours aussi spectaculaire avec des sous-marins dans une vitrine géante. L'artiste Penone a aussi réalisé une oeuvre vraiment originale, "Respirare l'ombra", dans une salle tapissée d'une "myriade de feuilles de laurier enserrées sous des panneaux de grillage métallique. La salle s'imprègne de leur odeur tenace". Au centre, deux sculptures en bronze représentent l'élement humain. Pour comprendre l'univers de cet artiste italien, le site internet du Centre Pompidou propose des vidéos pour mieux comprendre ce type d'oeuvres. En me baladant dans cet espace muséal immense, j'ai remarqué des statues cycladiques de la Grèce antique que j'aime beaucoup avec des statues du XXe ou comment l'art antique a influencé les artistes modernes. A Beaubourg, l'art sous toutes ses formes règne partout et quand on prend l'escalator jusqu'au 6e étage, Paris est là sous nos yeux, de Montmartre à Notre Dame, de la Tour Effel aux toits en zinc, un autre chef d'oeuvre de toutes les générations ayant vécu et vivant dans cette ville balzacienne par excellence.

mercredi 20 novembre 2024

Le goût des musées, Paris, la Bourse du Commerce

 Quand je pénètre dans la Bourse du Commerce de la Fondation Pinault, ouverte en 2021. j'ai l'impression d'entrer sur une place centrale ronde, la Rotonde, sous une verrière impressionnante. Ancienne halle au blé, la Bourse du commerce a été couverte par une spectaculaire coupole de métal et de verre en 1812. Cet édifice est devenu la Bourse en 1889. Dans ce cercle enchanté, des vitrines longent la salle principale et des salles d'exposition complètent le dispositif muséal. Au sous-sol, le Studio, est consacré aux oeuvres vidéos et sonores. Un auditorium programme des conférences, des rencontres et des concerts. Restauré et transformé par l'architecte japonais Tadao Ando, ce bâtiment emblématique de l'univers parisien présente une collection permanente et surtout des expositions temporaires souvent très originales. Depuis le 9 octobre jusqu'au 20 janvier, Pinault Collection propose un panorama sur l'Arte Povera. Plus de 250 oeuvres historiques des années 60 racontent la saga incroyable de ce mouvement artistique venu d'Italie. Les artistes exposés ont conquis un public international mais sont souvent peu connus du grand public : Anselmo, Boetti, Calzolari, Fabro, Kounellis, Paolini, Pistoletto et le plus célèbre d'entre eux, Penone. Il suffit de se laisser captiver par les paysages composés par ces créateurs tellement surprenants dans chaque salle arpentée. Je parlerai surtout de leur démarche poétique : une fusion entre la nature et la culture. L'arbre de bronze de Guiseppe Penone avec ses pierres massives figurant des nuages sur les hautes branches accueille les visiteurs sur la place de la Bourse du Commerce. Tubes de construction, tas de charbon, conteneur en fer, piles de vêtements, pommes de terre sur le sol, matelas sur les murs, tous ces objets usuels et courants composent un univers renouvelé : "L'Arte povera exprime un état d'esprit partagé autour du fait qu'une oeuvre d'art peut appréhender le réel en l'appauvrissant qu'elle peut comprendre le monde en réduisant à l'essentiel l'expérience que nous en avons". Ce mouvement d'avant-garde en Italie dans les années 60 voulait défier la société de consommation, privilégiant l'usage de matériaux simples, naturels et de récupération. J'ai surtout apprécié la salle consacrée à Penone avec son culte des troncs d'arbre, des sculptures vivantes symbolisant un hymne à la nature. Un musée contemporain à visiter pour comprendre les enjeux d'un art singulier et prémonitoire même si certaines pièces artistiques demeurent un mystère total. 

mardi 19 novembre 2024

Le goût des musées, Paris, le Musée Jacquemart-André

 Le beau musée Jacquemart-André, situé au 158, boulevard Haussmann, est une propriété de l'Institut de France. Cet hôtel particulier du XIXe siècle appartenait à Edouard André, un héritier de l'une des plus grandes fortunes du Second Empire. Il épousa Nélie Jacquemart, une jeune artiste peintre qui l'aida à constituer une collection impressionnante. Comme elle aimait l'Italie, la peinture italienne, des primitifs au XVe siècle est magnifiquement représentée. Je ne me lasse pas d'admirer un Ucello, des Boticelli, un Giovanni Bellini, un Carpaccio, des Mantegna, etc. Un petit Louvre en soi. J'ai aussi admiré trois Rembrandt. Se balader dans les différentes salles demeure un vrai plaisir : du vestibule au salon des peintures, du cabinet de travail au salon de musique, du fumoir au musée italien en passant par la galerie des Musiciens. Ce lieu charmant, à taille humaine, propose aussi une salle de restaurant. Tous les ans, le musée organise une exposition prestigieuse. Je me souviens encore de l'exposition sur Turner, sur la collection Alana, sur Botticelli. En cette rentrée d'automne et après sa fermeture pour des travaux de rénovation, j'ai vu l'exceptionnelle collection d'art de la famille Borghèse, conservée à Rome. J'ai eu l'astuce de réserver dès la première heure de visite à 10h du matin pour éviter la foule des visiteurs. Devant mes yeux, le tableau du Caravage, "Garçon avec un panier de fruits", peint en 1593, et Raphaël, Leonard de Vinci, Lorenzo Lotto, Titien, Parmesan, Véronèse et d'autres génies italiens. Dans ces moments d'admiration, j'étais à Rome, dans la galerie Borghèse et j'étais aussi à Paris, un sentiment d'ubiquité délicieux. La scénographie des tableaux évoque le baroque luxueux des Borghèse. Dans le fumoir, j'ai discuté avec une visiteuse parisienne d'une élégance et d'une gentillesse étonnantes. Elle m'a raconté sa passion de ce musée qu'elle visite souvent et m'a conseillé de découvrir celui de Nissim de Camondo, près du parc Monceau. J'ai suivi son conseil mais j'ai trouvé porte close car le musée est fermé pour deux ans. Je le visiterai donc en 2026. Jacquemart-André, un bijou de musée incontournable à Paris !

lundi 18 novembre 2024

Le goût des musées, Paris, le Musée d'Orsay

 Monter à Paris se résume pour moi au goût des musées, ces lieux d'art et de culture que j'aime fréquenter régulièrement. Le musée d'Orsay, situé dans le 7e arrondissement de Paris, le long de la rive gauche de la Seine, est installé dans l'ancienne gare d'Orsay, construite en 1898. Le Président Giscard d'Estaing a pris une très bonne décision en créant cet espace en 1986 pour présenter les collections de l'art occidental de 1848 à 1914 dans toutes ses formes : peinture, sculpture, arts décoratifs, art graphique, photographie et architecture. Quelques chiffres vertigineux : plus de 1000 toiles impressionnistes, des centaines de sculptures, de dessins, de photos, un voyage impressionnant dans les XIX siècle ! Et des noms d'artistes iconiques : Van Gogh, Manet, Cézanne, Courbet, Renoir, Bonnard, Degas, Rodin, etc. Je connais bien ce musée à l'architecture époustouflante et malgré une fréquentation maximale quotidienne, il est possible de se frayer un chemin vers les chefs d'oeuvre que j'admire, surtout Cézanne, Bonnard, Vuilliard, Van Gogh, Suzanne Valadon. J'ai donc vu récemment deux belles expositions : Caillebotte et Harriet Backer. Chez Gustave Caillebotte, une foule dense, autour de dix personnes par tableau mais il faut s'armer de patience pour observer quelques toiles urbaines de cet artiste parisien. Il peint le Paris haussmanien qui m'a fait penser au monde de Proust mais il n'oublie pas les ouvriers dont "Les raboteurs de parquet", ses frères, ses amis régatiers, sa compagne, des hommes nus dans leur toilette, son amour des jardins. J'avais regardé en amont un excellent documentaire sur ce peintre singulier, ce qui m'a permis de mieux apprécier sa démarche artistique. Il meurt à l'âge de 45 ans d'une hémorragie cérébrale en 1894. J'ai éprouvé un beau coup de coeur pour l'exposition sur Harriet Backer que je ne connaissais pas. Cette peintre norvégienne du XIXe siècle utilise des couleurs vives et lumineuses dans ses toiles des scènes d'intérieur, influencées par la peinture hollandaise. Inspirée aussi par les débuts de l'impressionnisme, elle pratique le plein air pour ses tableaux champêtres. La peinture de Harriet Backer respire la délicatesse, l'intériorité, la simplicité et la sérénité. Avant de quitter le musée, je suis allée voir "mon Hammershoi", un peintre danois subtil et profond. Son unique tableau à Orsay se cache dans une petite salle désertée par les visiteurs... Même dans la foule, je peux me faufiler dans des salles vides pour profiter en tête en tête des peintres parfois célèbres, d'autres moins connus comme les Nabis. Orsay, un musée riche, fabuleux et fascinant aussi pour sa structure architecturale. Le site internet du musée propose des conférences, des commentaires, des analyses de l'art du XIXe siècle. 

mercredi 13 novembre 2024

"Ilaria ou la conquête de la désobéissance", Gabriella Zalapi

 Jeune écrivaine italienne, Gabriella Zalapi a écrit un roman fort attachant, "Ilaria ou la conquête de la désobéissance", publié chez Zoé en 2024. Un père de famille au bord de la rupture avec sa femme emmène dans sa cavale, sa petite fille de huit ans, Ilaria. Dans sa BMW, la radio diffuse des flashes d'information concernant les attentats terroristes des années 80 en Italie. La petite fille se pose beaucoup de questions sur ce père imprévisible qui s'adonne à l'alcool. Sa maman et sa soeur résident en Suisse et ne donnent pas de nouvelles. Ilaria se sent abandonnée et ne comprend pas ce tour d'Italie qui défile sous ses yeux ébahis. Au début, elle se croit en vacances et les premiers temps de sa cavale ne l'inquiètent pas trop. Son père lui offre des cahiers et des crayons, un ours en peluche, des glaces. D'hôtel en hôtel, d'aire d'autoroute aux bars, son père aime bavarder au gré des rencontres. Dans ses étapes successives, il harcèle sa femme au téléphone pour la supplier de ne pas rompre. Fulvio, le père, devient de plus en plus nerveux et Ilaria de plus en plus inquiète car elle n'a jamais sa mère au téléphone. L'argent commence à manquer. Ils sont accueillis chez des amis en Toscane où Ilaria vit une parenthèse heureuse avec les filles du couple. Puis, Ilaria entre dans un internat pour quelques semaines où elle est complétement délaissée par son père. Un jour, il vient la chercher pour rejoindre la Sicile chez sa grand-mère paternelle. Celle-ci la confie à son tour à une amie qui va s'occuper de la petite fille. Sa mère réussit à lui faire parvenir un colis avec un billet froissé où est écrit son numéro de téléphone. La délivrance est proche... Il faut lire ce drame à hauteur d'enfant dans un texte au style dépouillé, simple et efficace. La petite Ilaria est une victime innocente de ces innombrables séparations des parents. Heureusement, l'histoire se termine bien.  Dans un article du Monde des Livres, Gabriella Zalapi avoue qu'elle a vécu un événement de ce genre : "Ce sont bien des faits vécus, tissés d'évenements fictionnels, mais j'ai surtout voulu rester du côté de la lumière, car, si j'avais raconté simplement ma vérité, ce texte aurait été insupportable".  A découvrir. 

mardi 12 novembre 2024

"Les sept maisons d'Anna Freud", Isabelle Pandazopoulos

 Je vais régulièrement en librairie et comme j'avais mis à l'honneur la psychanalyse et ses relations avec la littérature dans l'atelier d'octobre, un titre m'a tout de suite accrochée, "Les sept maisons d'Anna Freud" d'Isabelle Pandazopoulos chez Actes Sud. Ce roman largement biographique explore la personnalité attachante de la fille de Freud, Anna, la cadette dans une fratrie de six enfants. La petite fille semblait bien insupportable et capricieuse, "Le petit diable noir des Freud". Anna était jalouse de sa soeur Sophie, une enfant rayonnante et heureuse. La première scène du livre se déroule à Londres en 1946. Anna souffre de la tuberculose et une infirmière vient la sauver car Martha, sa mère, lui demande d'endosser l'identité de sa fille pour éloigner la mort. La dame de compagnie reçoit les confidences d'Anna. Dans la société viennoise, la situation des femmes n'était pas facile. Elles vivaient sous la tutelle des pères ou des maris. La relation d'Anna avec son père ne s'est pas construite sans soubresauts, ni malentendus. Mais l'obstination de la jeune fille pour intégrer le mouvement psychanalytique montre sa force de caractère, son intelligence et sa culture. Une amie va l'initier : Lou Andréas Salomé, écrivaine et psychanalyste, amante de Rilke. Anna fait la connaissance d'une américaine, en instance de divorce et cette rencontre va déterminer sa vie amoureuse qu'elle cachera toujours à ses parents. A cette époque, il n'était pas facile de se déclarer homosexuelle. La jeune femme se passionne pour la psychanalyse des enfants et avec sa compagne, Dorothy, elle fonde une école pour les aider. Anna traverse la montée du nazisme et apprend l'autodafé des livres de son père à Berlin. La psychanalyse était détestée par le régime nazi et Freud a fui Vienne en 1938 avec l'aide de Marie Bonaparte pour se réfugier à Londres avec sa famille. Isabelle Pandazopoulos raconte, avec un grand talent narratif, la vie de la tribu familiale entre Vienne et Londres. La Grande Histoire se mêle à leurs vies privées et Anna se transforme en héroïne dans ce monde en folie. Elle protège ses parents à Londres et les scènes de famille autour de Freud, atteint d'un cancer horrible à la machoire, montrent un amour et une solidarité sans faille surtout quand les drames surgissent comme la mort de Sophie, la soeur d'Anna, victime de la grippe espagnole. Les quatre soeurs de Freud ont disparu dans les camps de concentration. Freud n'a pas réussi à les sauver car elles voulaient rester à Vienne. Anna deviendra l'héritière légale des archives et de l'oeuvre de son père. Elle vivra jusqu'en 1982 à Londres : "Elle ne regrettait rien. Sinon cette joie intense, intacte, à vivre, à penser, à vibrer à ses côtés, une ombre heureuse, un plaisir qu'elle éprouvait encore et qu'elle entretiendrait jusqu'à son dernier souffle". Un premier roman biographique d'une intensité palpable, rien d'étonnant quand il s'agit d'Anna Freud et d'un père génial ! 

lundi 11 novembre 2024

"Que ce soit doux pour les vivants", Lydia Flem

 En ces jours de novembre où on pense davantage à nos chers disparus, j'ai lu le nouveau livre de Lydia Flem, "Que ce soit doux pour les vivants", publié en septembre dans la collection "La librairie du XXIe siècle" au Seuil. Après son ouvrage le plus connu, "Comment j'ai vidé la maison de mes parents", publié en 2004, l'écrivaine revient sur la notion du deuil d'autant plus qu'elle a récemment perdu son mari, Maurice Olender, éditeur et directeur de la collection du Seuil. Il aurait prononcé cette phrase sur la douceur, devenue le titre du livre. Lydia Flem pose la question suivante : "Que font les vivants avec les morts ?", en ajoutant que ces derniers peuvent aussi jouer un rôle majeur dans notre vision de la vie. Le titre du livre évoque le sentiment du "doux deuil", "ce deuil long, ce deuil sans fin, nimbé de tendresse". Pour Victor Hugo qu'elle cite, "les morts sont des invisible, mais non des absents". Son mari continue de l'habiter car il lui avait demandé d'écrire un ouvrage sur le deuil en résonance avec la mort de ses parents en 2004. L'écrivaine déclare aussi : "Ce n'est pas parce qu'une personne meurt que l'amour qu'on éprouve pour elle disparaît". Cette idée contredit souvent l'expression de "tourner la page", s'arracher par devoir à la douleur de la perte et ne plus évoquer nos disparus. En fait, la menace d'un oubli total guette tous ceux et celles qui ont perdu leurs proches. Les lieux, les objets, les archives, les photographies se transmettent de génération en génération et grâce à ces traces indélébiles, les vivants et les morts se mêlent intimement. Le temps n'est plus linéaire : "Le temps fait des boucles, avance en se déportant sur le côté. Il ne se déroule pas selon une flèche orientée entre passé et futur. Chaque nuit explore hier et demain, parfois, ils se confondent". Pour illustrer sa pensée, elle s'appuie sur la photographe Moira Ricci et sur une étudiante, Mathilde, qui photographie les archives de l'autrice. Des souvenirs personnels apportent aussi une touche intimiste au récit, à ce "doux" récit sur la disparition définitive de nos proches qu'on aime toujours autant, si ce n'est plus encore. Parler d'eux, posséder des objets souvenirs, permettent de "prolonger leur présence-absence". Ce texte sensible et lumineux ne peut qu'émouvoir les lecteurs et lectrices qui vivent l'expérience d'un deuil. Psychanalyste, écrivaine, photographe, membre de l'Académie royale de Belgique, Lydia Flem nous offre un récit magnifique sur la vie des vivants et sur la suvie des morts dans notre esprit.  

vendredi 8 novembre 2024

"Seul dans le noir", Paul Auster

 Attirée par le titre du roman, "Seul dans le noir" de Paul Auster, j'ai eu la curiosité de le découvrir. Ce livre a été publié en 2009 toujours chez son fidèle éditeur, Actes Sud, et traduit par sa traductrice préférée, Christine Le Boeuf. Un pur texte austérien où la solitude revient au premier plan dans ce texte : "Seul dans le noir, je tourne et retourne le monde dans ma tête tout en m'efforçant de venir à bout d'une insomnie, une de plus, une nuit blanche de plus dans le grand désert américain". L'homme qui parle ainsi s'appelle August Brill, âgé de 72 ans, critique littéraire, veuf. Il vit chez sa fille, Miriam, divorcée, et sa petite fille, Katya, cohabite avec eux. Son compagnon a été tué lors de la guerre d'Irak. Trois destins brisés par la perte et par le deuil. Immobilisé par un accident, le retraité contre son gré se sent seul malgré la présence de sa fille. Paul Auster résume le sentiment de solitude : "Comme tout cela va vite. Hier enfant, aujourd'hui vieillard, et d'alors à maintenant, combien de battements de coeur, combien de respirations, combien de mots prononcés et entendus ? Touchez-moi, quelqu'un. Posez la main sur mon visage et parlez-moi". Il passe ses journées avec sa petite fille très malheureuse et ils regardent des films classiques en les commentant. Pour tromper son ennui et surtout le malheur, il imagine alors un alter ego, Owen Brick au temps d'une guerre de Secession dans les années 2000. Le roman se situe sur deux niveaux : la vraie vie d'August et la vie imaginaire de son personnage. La magie de l'univers austérien s'intègre dans ce récit linéaire. Le caporal Brick, vêtu d'un uniforme militaire, doit remplir un contrat : éliminer l'écrivain August Brill. L'univers parallèle fonctionne à merveille même si parfois, les pistes romanesques se brouillent un peu. L'espoir est là pourtant, à travers le cinéma, l'écriture, l'imagination. Le monde romanesque de Paul Auster s'avère souvent étrange, un peu surréaliste et en filigrane, propose une lecture de la réalité politique parfois chaotique dans un pays en guerre civile. Ce roman propose une "méditation politico-historique" sur les Etats-Unis en guerre perpétuelle selon lui. L'écrivain américain n'a jamais caché son engagement envers la paix et la concorde. Il avait écrit un essai sur la circulation des armes dans son pays en déplorant cette tradition mortifère. Un des ouvrages les plus denses de Paul Auster. 

jeudi 7 novembre 2024

"Brooklyn", Colm Toibin

 J'avais remarqué dans la rentrée littéraire de septembre la parution d'un roman, "Long Island" de l'écrivain irlandais, Colm Toibin. J'ai appris que ce livre était la suite de "Brooklyn", paru en 2011 chez Robert Laffont dans la collection "Pavillons". J'ai donc emprunté ce roman toujours remarquablement traduit par Anna Gibson. L'écrivain évoque l'exil douloureux d'une jeune Irlandaise, contrainte d'émigrer aux Etats-Unis dans les années 50. La jeune Eilis vit près de Dublin avec sa mère et avec sa soeur. Rose, sa soeur aînée, a la chance d'occuper un emploi de bureau alors qu'Eilis ne trouve pas de travail. Une épicière acariâtre l'embauche seulement le dimanche. Un jour, un prêtre irlandais de son village, venu de New York, persuade la mère de la jeune fille d'influencer sa fille pour s'exiler en Amérique. Cette proposition ébranle Eilis car elle n'a aucune envie de quitter sa communauté villageoise, et surtout sa famille. Au fond, elle n'a pas le choix à cause de la pauvreté de sa mère. Elle reçoit un billet pour traverser l'océan et s'embarque en troisième classe avec un mal de mer épouvantable. La nostalgie vrille le coeur de notre héroïne si courageuse. Elle est prise en charge par le prêtre qui lui trouve une pension de famille et un travail dans un grand magasin. Cette terre inconnue, cette ville gigantesque intimident et effrayent la jeune fille. L'écrivain possède l'art du détail dans ses descriptions sur le désarroi d'Eilis qui, au fil du temps, finit par s'adapter à sa nouvelle vie. Même les personnages secondaires sont traités avec une précision de peintre figuratif. A travers le personnage principal, il analyse le sentiment de l'exil, un sentiment d'étrangeté. Eilis se sent perdue, solitaire dans cette masse d'individus à New York. Mais, elle prend enfin son destin en mains en prenant des cours de comptabilité le soir pour obtenir un meilleur poste et surtout, lors d'un bal, organisé par le prêtre, elle rencontre un jeune homme d'origine italienne qui la présente à sa famille. Cette relation amoureuse la rend plus forte et son mal du pays s'estompe. Son amoureux lui propose le mariage qu'elle accepte. Mais, elle doit partir en Irlande car sa soeur est morte subitement. Va-t-elle rester dans son pays natal pour sa mère ou reviendra-t-elle à New York ? Il faut lire ce beau roman psychologique pour connaître sa décision... Un roman attachant, profond à découvrir avant de lire "Long Island". 

mercredi 6 novembre 2024

"Un autre m'attend ailleurs", Christophe Bigot

 Un roman de la rentrée littéraire a attiré mon attention : "Un autre m'attend ailleurs" de Christophe Bigot, publié chez La Martinière. Le personnage principal s'appelle tout simplement Marguerite Yourcenar et comme j'aime beaucoup cette écrivaine, j'ai eu la curiosité de découvrir cette histoire romanesque. L'auteur évoque le dernier amour de Marguerite Yourcenar à la fin de sa vie après le décès de sa fidèle compagne, Grâce Frick. Elle entame une relation quelque peu scandaleuse pour son entourage car elle s'est entichée d'un jeune photographe américain, Jerry Wilson, homosexuel et leur différence d'âge, presque trente ans, n'a pas effrayé la grande dame des lettres françaises. Cette histoire romanesque lui rappelait son amour impossible et douloureux avec André Fraigneau, lui aussi homosexuel qui avait rejetté Marguerite dans sa jeunesse. Devenue une gloire internationale de la littérature, honorée par l'Académie française, l'écrivaine, pourtant un peu exilée dans sa presqu'ile à Petite-Plaisance, reçoit sans cesse des sollicitations d'interviews, d'émissions télévisuelles et d'articles de presse. Une équipe de télévision de FR3 vient la filmer et elle découvre alors ce jeune homme si beau, si brillant, un Antinous à elle. Le souvenir d'Hadrien ne la quitte jamais. Elle l'invite à nouveau dans sa résidence et il organise pour elle ses voyages qu'elle adore : Paris, l'Egypte, San Francisco, le Japon. Pour lui, elle fait le régime, devient coquette, s'imagine devenir son amante. Au fil du temps, la personnalité de Jerry se dévoile : inquiétant, sombre, et il s'adonne à la drogue. Il lui impose un amant de passage. Il finit par contracter le sida et mourra de cette maladie du XXe siècle. Cette épisode méconnue dans la biographie de l'écrivaine se lit avec beaucoup d'intérêt. On y croise Claude Gallimard, d'Ormesson, Pivot, Matthieu Galey. Je ne rélève, heureusement, aucun jugement moral de la part de Christophe Bigot. Bien au contraire, il éprouve une empathie totale pour ce couple improbable et pathétique. A la veille de sa mort, Marguerite Yourcenar n'oubliait pas l'amour, la passion des voyages, de la littérature. Cette femme n'était pas sculptée dans le marbre de la célébrité littéraire. C'était aussi un femme, vivante, une amoureuse de la vie. Un roman biographique à découvrir ! 

mardi 5 novembre 2024

"Le voyage d'Anna Blum", Paul Auster

 L'atelier Littérature de novembre est consacré à Paul Auster. J'ai lu depuis les années 80 ses romans et essais, tous publiés dans l'excellente maison d'édition, Actes Sud. Ce grand écrivain américain, disparu le 30 avril 2024, a publié son dernier roman en 2024, "Baumgartner" dont j'ai parlé dans ce blog qu'il faut absolument découvrir. J'ai choisi pour l'Atelier quelques unes de ses publications et j'ai lu récemment "Le voyage d'Anna Blum", sorti en France en 1989. Le sous-titre résume davantage ce roman dystopique, "Au pays des choses dernières". Je ne lis pratiquement pas d'ouvrages de science-fiction mais le thème de l'apocalypse a retenu mon attention. Paul Auster raconte un monde atroce en voie de disparition. Les humains errent dans but, sans repères, ni valeurs morales et ils sont prêts à s'entretuer pour manger et pour s'habiller. Ces ombres errantes, ces zombies se déchirent entre eux mais quelques êtres résistent et témoignent de cet effondrement civilisationnel. Paul Auster situe ce pays aux Etats-Unis sans préciser de date. Un personnage émouvant résiste et veut conserver son humanité : Anna Blume. Elle rédige un journal intime, une sorte de longue lettre, qu'elle adresse à son frère qui a disparu lors de ces événements absurdes. Entre "les chasseurs d'objets" et les "ramasseurs d'ordures", la mort règne dans ce pays maudit car le suicide est une libération. Elle rencontre une femme qui lui vient enfin en aide en l'acceptant chez elle. Sa vie commence à changer même si le compagnon de cette femme la rejette. Un jour, elle rencontre un homme avec qui elle va partager sa vie, une survie de lutte permanente : "Un pas, puis un autre pas, puis encore un autre : telle est la règle d'or. Si tu ne peux même pas arriver à faire ça, alors autant te coucher tout de suite sur place". Dans ces ténèbres qui règnent, seule Anna et son compagnon apportent une lumière à ce roman noir, désespérant et désespéré. Ce récit glaçant de science-fiction apocalytique trace à travers le tecte austérien "le fantasme de la fuite", de la frontière libératrice dans un monde totalitaire. Paul Auster évoque le "danger de l'aliénations, du renoncement". Anna Blume ressemble à une Antigone américaine qui lutte pour sa survie. Il ne reste plus qu'à s'échapper de ce monde absurde et la fin du roman se termine par une interrogation : va-t-elle réussir à se sauver ? Ce roman complexe et parfois déprimant ne se lit pas avec un plaisir continu mais, cette dystopie semble nous prévenir sur la précarité de notre monde en proie aux plus graves dangers de disparaître. L'écrivain l'a écrit avec une prémonition redoutable, quarante ans avant le changement climatique, les guerres actuelles, la drogue conquérante, le terrorisme islamiste, etc. Un signal d'alerte à écouter pour se doter d'un courage sans limite.  

lundi 4 novembre 2024

Escapade dans les Pouilles, Bari

Mon séjour s'est donc achevé à Bari, chef-lieu des Pouilles avec ses 375 000 habitants. J'ai vécu un incident désagréable avec la location de la voiture quand un jeune employé peu sympathique a relévé une légère égratignure sur le parechoc arrière. Au total, une facture de quelques centaines d'euros ! Heureusement, j'avais une assurance tous risques ! Dommage de terminer mon séjour sur cette note désagréable dans les Pouilles. Mais, quand on voyage, il faut s'attendre à vivre quelques contrariétés en conservant sa bonne humeur... J'avais loué un appartement vue mer près du port de Bari et encore une mauvaise surprise sur l'état minimaliste du lieu : aucun équipement d'agrément comme des draps de dessus, etc. Le côté spartiate de la décoration ne correspondait pas à l'accueil italien... Heureusement, la ville m'a quand même réservé de bonnes surprises. Le vieux quartier tout proche du port est un labyrinthe de rues occupant un promontoire entre les deux ports. J'ai visité le Duomo, la basilique orthodoxe de San Nicola, un édifice du XIe siècle, lieu de pélerinage majeur car elle renferme les reliques de Saint Nicolas. J'ai poussé la porte d'un musée archéologique privé, le Palais Cimi où j'ai admiré quelques pièces remarquables. J'ai remarqué la quiétude du port alors que la ville souffre d'une réputation un peu négative comme toutes les métropoles. Les barques bleues et rouges formaient un décor méditerranéen typique et quelques pêcheurs vendaient leurs produits en particulier des poulpes. La mer Adriatique d'un bleu profond me faisait penser à une toile de Nicolas de Staël. Je ne pouvais pas manquer ma glace à la noisette de l'après-midi pour me rafraîchir tellement l'été régnait encore dans les Pouilles. Le lendemain, j'ai profité de ma dernière journée pour visiter le très beau musée archéologique de la ville, installé dans un monastère magnifique. Plus tard, j'ai réservé quelques heures à la Pinacothèque départementale Corrado Giaquinto où j'ai surtout remarqué un Bellini, un de mes peintres préférés de Venise, un Chirico et un Morandi. Mon séjour italien m'a réservé de belles surprises : des paysages marins de toute beauté, des villes anciennes extraordinaires comme Matera, des masserias dépaysantes, des belles églises romanes et gothiques, des musées archéologiques, la cuisine italienne, la gentillesse de nos hôtes, la vie vibrante d'une Italie méridionale très expressive. Une région attachante où la nature et la culture forment un duo de charme !  

vendredi 1 novembre 2024

Escapade dans les Pouilles, une masseria modèle, Donnapaola Modern Farm à Altamura

Après Matera et avant de terminer mon séjour à Bari, je me suis arrêtée dans une masseria vraiment exceptionnelle, la Donnapaola Moderne Farm à Altamura. Pourtant, j'ai éprouvé une petite angoisse pour accèder à mon hôtel en pleine nature dans le Parc national des Murge. Loin des sites touristiques fréquentés, la masseria propose un concept de "slow life", la vie lente, une pause bénéfique, nimbée d'un silence impressionnant. Notre voiture a emprunté des chemins en terre bordés de murets en pierre sèche sur une dizaine de kilomètres. Quand j'ai aperçu les premières vaches en liberte, je les ai confondues avec des buffles... Ces vaches d'une race particulière se baladent partout et je n'étais pas du tout rassurée ! J'ai compris qu'elles étaient inoffensives mais je m'en méfiais un peu. Angela, l'hôtesse du lieu, nous a bien expliqué le projet de la ferme, basé sur le monde animal et végétal en toute harmonie. Les responsables de la masseria revendiquent la beauté des Pouilles authentiques en liant l'art, la culture et la nature. J'ai rejoint ma chambre d'un décor chic campagnard où les meubles en bois, les serviettes, les objets étaient à la fois simples et esthétiques. Ces chambres d'hôte en pleine forêt de chênes était un havre de paix. Le soir, Angela nous attendait pour nous offrir un dîner apéritif avec des spécialités succulentes des Pouilles. Le lendemain matin, après un petit-déjeuner gourmand, elle nous a proposé une visite de la ferme : l'étable avec sa centaine de vaches et  la laiterie. Il semblerait que les produits laitiers sont particulièrement excellents car les vaches mâchent les herbes aromatiques du domaine et cette alimentation produit un lait unique. Dans un avenir proche, la ferme acceuillera des chevaux et des volailles. J'étais au coeur de ces 270 hectares où se cotoient des chênes, des plantes sauvages, des plantes médecinales, des oliviers. Les bovins "podoliens" broutent toutes ces herbes avec un bonheur certain.  C'est la première fois que je vivais dans cette ambiance particulière où la nature est protégée et préservée. Cette parenthèse enchantée était la bienvenue après cinq jours de visites et avant l'étape de Bari. Je me souviendrai longtemps de cette étape originale, reposante et innovante !