Je reviens sur le thème de la nostalgie avec cette anthologie, "Le Goût de la nostalgie", éditée au Mercure de France, en 2015. Cette collection, "Le goût de", propose des dizaines de titres avec un dominante sur les voyages sans oublier les loisirs et d'autres sujets parfois étonnants. Ces petits ouvrages adorables peuvent s'offrir avec plaisir. Que ce soit sur le thé ou la lenteur, les livres et les bibliothèques, les sports, les sentiments, les animaux, la cuisine, chacun trouvera sa passion commentée. J'en possède évidemment quelques uns dont celui de la lecture, d'Athènes, de Lisbonne, etc. L'introduction du volume présente la notion de nostalgie : "L'écriture peut retenir ce qui fut jadis le présent et raviver les couleurs du passé pour le ramener au devant de la scène". Elle cite Patrick Modiano, le chantre de la nostalgie, qui a déclaré lors de la remise du Prix Nobel de la Littérature en 2014 : "C'est sans doute la vocation du romancier, devant cette grande page blanche de l'oubli, de faire ressurgir quelques mots à moitié effacés, comme des icebergs perdus qui dérivent à la surface de l'océan". La nostalgie peut naître à tous moments de la vie : l'enfance perdue, pays perdu, amours perdus, années perdues. Ce sentiment de la perte est traité constamment par la littérature. Quel remède pour amortir ces moments de nostalgie ? Un grand philosophe, Vladimir Jankélévitch, a donné un conseil : "Ne ratez pas votre matinée de Printemps", seul antidote à la nostalgie. Dans cette anthologie, les textes sont organisés en cinq chapitres : temps perdu, pays perdu, perdre son pays, c'est perdre son passé, jouissance de la fugacité. Une trentaine d'écrivains évoquent ce sentiment : de Pessoa à Kundera, de Colette à Alain-Fournier, de Tchekhov à Georges Perec, etc. Ce petit livre sympathique donne de très bonnes idées de lecture. Ulysse, le grand nostalgique de son île et surtout de Pénélope, est bien revenu chez lui après vingt ans d'exil, entre la guerre de Troie et ses vagabondages d'île en île. La nostalgie selon Homère, une énergie vitale. Un sentiment universel sur la condition humaine.
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