mardi 14 mai 2024

"Penser contre soi-même", Nathan Devers

Nathan Devers, écrivain et philosophe, normalien et agrégé, un jeune homme de 26 ans, vient de publier une autobiographie intellectuelle, "Penser contre soi-même", chez Albin Michel. Il a déjà écrit quatre romans et essais. Il est aussi éditeur de la revue, "La Règle du jeu". Un surdoué du langage et de la communication. Son enfance se déroule à Auteuil auprès d'une famille brillante et aisée. Son père, Lionel Naccache, est très connu dans les sciences cognitives et neurologiques. Il grandit dans un milieu où la religion juive sert de repères et il s'est senti très vite attiré par la vocation de rabbin. Ses parents sont un peu étonnés par ce choix radical mais, ils ne le contrarient pas. Il est tombé amoureux de l'hébreu, de la Torah, du Talmud et de Jérusalem. Il a besoin d'un certain mysticisme pour vivre sa foi. Il rencontre des rabbins, se forme dans les écoles religieuses, respecte les rites, part à Jérusalem pour parfaire sa formation. Son destin semble tracé tout droit vers le rabbinat. Mais, un jour, il commence à "penser contre soi-même". Première fêlure dans sa carapace religieuse : la lecture de "Terre des hommes" de Saint-Exupéry. La littérature lui ouvre des perspectives nouvelles, un chemin bien arpenté avant qu'il ne découvre l'Everest de la pensée, la philosophie ! Sa nouvelle religion. Dans un entretien, il précise sa démarche : "Penser contre soi-même est une éthique de vie car cela suppose de ne pas être dogmatique, d'être à l'écoute des autres, de ne pas s'opposer de manière stérile, ni ferme à des discours, d'écouter leurs argumentations et d'accepter parfois d'être fragilisé par les discours des autres". Il a donc rompu avec la religion et s'est donné "une nouvelle vie, une nouvelle naissance". La philosophie représente selon lui "une expérience d'altérité. Cela suppose de s'intéresser au monde qui nous entoure avec curiosité, avec scepticisme, avec une forme de doute". Ce profond bouleversement personnel s'accompagne d'une forme de violence, d'inconfort intellectuel. Ce récit autobiographique évite souvent le jargon philosophique et se lit assez facilement. Ces confidences de vie d'un jeune homme croyant, puis athée, imprégné de culture religieuse juive et de philosophie, peuvent dérouter le lecteur-trice, peu coutumier de ce type d'ouvrage. Pourtant, ce jeune écrivain prend le risque du dévoilement, de la recherche de sa vérité dans un style inventif, vibrant. Le voilà maintenant philosophe critique et écrivain en devenir. Il a choisi la littérature et la philosophie, une métamorphose heureuse.

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