lundi 23 juin 2025

"Café Excelsior", Philippe Claudel

 Quand j'avais proposé le thème de la nostalgie pour l'Atelier Littérature du 26 mai, je ne me doutais pas que je vivrais un incident "amnésique", une irruption intempestive d'oubli dans ma mémoire immédiate heureusement bénine selon les médecins des urgences. Par contre, cet incident technique dans mes neurones a provoqué un oubli de cinq heures intégrant la totalité des commentaires durant les deux heures de l'Atelier. Malgré des notes prises, je ne peux malheureusement pas évoquer les lectures de la liste bibliographique et les coups de coeur. Mais, dans cette liste sur la nostalgie, j'ai découvert quelques titres dont "Le Café Excelsior" de Philippe Claudel, publié en 2007 dans le Livre de Poche. Dès les premières pages, le décor est planté : "Mon grand-père tenait le Café de l'Excelsior, un bistro étriqué dont les mauvaises chaises et les quatre tables de pin rongées par les coups d'éponge composaient un décor en demi-teintes violines". Plus loin, ce petit café de province "formait une enclave oubliée contre laquelle les rumeurs du monde et ses agitations, paraissaient se rompre à la façon des hautes vagues sur l'étrave d'un navire". Le narrateur, âgé de huit ans, est confié à son grand-père après la mort tragique de ses parents. Les quelques clients esseulés du café, "des astres mélancoliques" viennent se réchauffer le coeur loin des leurs soucis quotidiens. Ils forment une nouvelle famille et le petit garçon mènera une vie heureuse et comblée. L'enfant illumine le quotidien du grand-père et le vieil homme goûte à nouveau au plaisir de l'enfance retrouvée. Mais, l'administration ne l'entend pas ainsi et le petit-fils à l'âge de onze ans est placé dans une famille d'accueil. Ce roman court et servi par une belle écriture m'a d'autant plus intéressée que j'ai moi-même passé mon enfance dans un bar que tenait mes parents. Je conserve précieusement quelques souvenirs très attachants concerant des clients qui fréquentaient ce bar, des "astres mélancoliques" qui se réfugiaient dans ce bar pour trouver un peu de chaleur humaine en noyant leurs soucis permanents dans quelques verres de vin, des "chopines de blanc et de rouge".  La plume poétique de Philippe Claudel m'a replongée dans cet univers si intime et la littérature ravive souvent les souvenirs enfouis dans la mémoire. Merci à Philippe Claudel pour ce bain nostalgique dans ma propre enfance. Ce bar au Boucau, près de Bayonne, se nommait "Chez Germain", le prénom de mon père... Ah, la nostalgie, une douce rêverie qui permet de revivre des moments heureux du passé. 

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