J'ai choisi pour l'Atelier Littérature du jeudi 24 avril quelques romans dystopiques et post-apocalyptiques qui ont marqué la littérature. "Ravage" de René Barjavel appartient à cette catégorie. Ecrit en 1943, l'auteur dénonce les dégâts du progrès scientifique et technique. Cet ouvrage a connu un succès considérable depuis sa sortie (plus d'un million d'exemplaires écoulés) et il est toujours étudié au collège. Le roman démarre par une panne d'électricité en France en 2052. Le personnage principal, François Deschamps, un jeune homme de 22 ans, monte à Paris pour les résultats d'un concours d'entrée dans une école de chimie agricole. Il veut revoir son amie d'enfance, Blanche Rouget, danseuse et comédienne. Celle-ci a rencontré un homme riche, Jérôme Seita, patron d'une radio à succès. Quand il apprend que François est un ami de la jeune fille, il s'arrange pour le disqualifier à son concours. Et Blanche accepter de se marier avec cet homme puissant. Les événements extérieurs se bousculent dans le roman : la guerre entre deux continents sud-américains et surtout une panne d'électricité géante en France. La totalité de la vie sociale et économique ne fonctionne plus. Des matériaux comme le fer "s'amollissent", ce qui entraîne l'arrêt des flux de circulation comme le métro, les automobiles, les ascenseurs, etc. Des troubles ont lieu face à un gouvernement impuissant. La population ne peut plus se nourrir et le chaos s'installe. François récupère Blanche, atteinte d'un mal inconnu, et coordonne un petit groupe pour quitter Paris et fuir en province. Un incendie brûle la capitale en tuant des milliers de victimes. Plus d'eau courante, plus de lumière, de transports. Le choléra s'est déclaré, le pays est dévasté. La petite troupe de survivants traverse le pays dans une insécurité totale. Ils parviennent en Provence dans leur village natal où de très nombreux habitants ont péri. François en chef de clan charismatique établit une vie communautaire avec des règles strictes. Une nouvelle vie à la campagne sobre et "écologique" avant la lettre. Je ne relate pas la fin du roman pour susciter l'intérêt de le lire. Cette dystopie se lit avec un certain amusement sur les prédictions de René Barjavel : vêtements moulants, agriculture intensive, aliments synthétiques, avions à décollage vertical, objets en plastique, etc. Il dénonce évidemment les outrances et les dégâts d'une modernité technologique aberrante. La vision pessimiste et écologiste d'une société technologique trop artificielle dès 1943 rejoint les mondes cauchemardesques de Wells et d'Aldous Huxley. Un roman prémonitoire à redécouvrir.
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