J'ai vu récemment un film de Laura Luchetti, "La Bella estate", tiré d'un roman de Cesare Pavese. Je m'intéresse à cet écrivain italien que j'ai redécouvert grâce au délicat roman de Pierre Adrian, "Hôtel Roma", publié en septembre 2024. La cinéaste choisit d'adapter le roman de cet écrivain "qu'elle adore, qui parle si bien de la jeunesse, de cet âge où tout est possible et où tout est efffrayant". L'histoire se déroule dans l'Italie fasciste de Mussolini à Turin en 1938. Ginia, une jeune fille timide et timorée, travaille dans une maison de la haute couture. Elle vit avec son frère, Severino, étudiant en droit qui, lui aussi, effectue des petits travaux pour survivre. Tous les deux se retrouvent avec des amis à la campagne quand Ginia rencontre une jeune femme qui plonge d'une barque pour les rejoindre sur la plage. Amelia représente aux yeux de Ginia la femme libre, audacieuse, moderne d'une classe sociale différente. Elle est la muse des peintres de Turin et elle introduit sa jeune amie dans le milieu bohème turinois. Dans cette société conformiste, Ginia découvre, grâce à sa nouvelle amie, la liberté : elle rencontre un peintre avec lequel elle entame une relation amoureuse. Sa fascination pour Amélia, qui défie sans cesse les normes, s'amplifie au fil de leurs rencontres amicales. La réalisatrice dépeint avec finesse et délicatesse l'éveil d'une jeune femme à l'amitié amoureuse, sentiment interdit à cette époque corsetée par une morale rigide. En fait, Amalia, malgré son esprit de révolte, ressent un malaise d'être et se sent attirée par la simplicité et par l'innocence candide de Giana. Ce jeu de miroir dans ce duo féminin révèle la difficulté d'aimer et de vivre. Cesare Pavese met en scène dans son oeuvre l'ambiguïté des sentiments et des comportements. Le film semble fidèle au monde pavesien. La scène finale d'un bal où elles osent danser ensemble révèle leur attirance réciproque. Ce film sensible et d'une facture classique sans fioritures raconte une époque trouble en Italie et malgré la tragédie historique du fascisme, les jeunes gens tentaient de vivre et d'aimer, une façon de résister !
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