samedi 22 juin 2024

"Les Heures", Michael Cunningham

 Récemment, j'ai rangé mes bibliothèques pour un grand nettoyage du printemps en me posant l'éternelle question sur le besoin de place dans les étagères donc opération de désencombrement. Les romans qui m'ont marquée, j'ai toujours envie de les relire et au final, je les conserve. Je sacrifie alors avec le coeur lourd des ouvrages que je ne relirai pas. Un des romans, lu en 2001, a attiré mon regard : "Les Heures" de Michael Cunningham. J'avais beaucoup apprécié ce livre iconique à mes yeux car l'écrivain américain s'est inspiré de Virginia Woolf. Comme je place l'écrivaine anglaise au sommet de mon Panthéon personnel, j'ai eu la curiosité de relire "Les Heures". Et je n'ai pas été déçue. Le fil directeur romanesque est calqué sur "Mrs Dalloway", le chef d'oeuvre de Virginia Woolf. Trois femmes à des époques différentes se racontent dans des monologues woolfiens. La première d'entre elles, Virginia Woolf, médite sur son roman qu'elle compose. Elle doute d'elle, de sa créativité. En proie à de redoutables migraines, elle tente de cacher à ses proches ses crises d'angoisses permanentes. Elle finira par se suicider en se noyant dans la rivière de son village car elle ne supportait plus sa souffrance psychique. La deuxième protagoniste s'appelle Clarissa comme Mrs Dalloway. Cette quinquagénaire très élégante partage sa vie depuis vingt ans avec une compagne. Elle s'occupe de son meilleur ami atteint du sida. Hantée par son vieillissement, Clarissa se posera la question douloureuse ses choix amoureux. Le troisième personnage féminin, Laura Brown, mariée et mère au foyer, enceinte de son deuxième enfant, vit un certain malaise en 1949. Sa seule obsession : prendre le temps de lire le roman de Virginia Woolf. Elle va louer une chambre pour s'adonner à sa lecture en confiant son enfant à une voisine. Enfin, libre, Laura Brown. Virginia Woolf avait conseillé à toutes les femmes d'avoir une "chambre à soi" pour se retrouver, pour respirer loin des carcans sociaux et familiaux. Ce jeu de miroirs entre trois personnages féminins et trois époques reflètent aussi les années 90 avec la prise de conscience d'un féminisme libérateur mais aussi l'évocation du sida dévastateur dans la communauté homosexuelle. Ce roman évoque les désillusions, les espoirs, les bonheurs comme les chocs du destin. Ce roman-méditation sur le temps qui passe, sur la mort qui survient, sur l'amour, parle d'une époque révolu. Il n'a pas pris une ride et se lit toujours avec intérêt. Prix Pulitzer en 1999, Michael Cunningham a rendu un hommage émouvant à la merveilleuse Virginia Woolf. 

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