mardi 25 juin 2024

Atelier Littérature, 3

A ma demande, les lectrices de l'Atelier se sont penchées sur un coup de coeur "historique", qui a vraiment marqué leur mémoire depuis des années. Mylène a présenté "Grâce et dénuement" d'Alice Ferney, une écrivaine qu'elle aime tout particulièrement. Paru en 1997, ce roman sensible et touchant raconte l'histoire d'une libraire. Elle se donne une belle mission : initier à la lecture des enfants de la communauté gitane, privés d'école. La jeune femme se heurte à la méfiance et à la raillerie du clan mais elle finit par amadouer les enfants qui découvrent, éblouis, la magie des livres. Mylène a lu deux passages pour illustrer la prose d'Alice Ferney. Un beau livre sur la générosité et sur les bienfaits de la lecture. Lire dans ce milieu défavorisé reste toujours un acte libérateur et enrichissant. Geneviève H. a choisi un roman de Paul Lynch, "Grace", paru en livre de poche en 2020. La Grande Famine ravage l'Irlande en 1845. La jeune Grace est envoyée sur les routes par sa mère pour trouver du travail. Elle se camoufle dans des vêtements d'homme et son petit frère la rejoint. L'adolescente entreprend un voyage halluciné au coeur d'un paysage apocalyptique. Chaque être humain est prêt à tuer pour une miette de pain. Ce magnifique personnage féminin a ému Geneviève et cet écrivain irlandais mérite toute notre attention. Odile a évoqué une suite autobiographique d'Evguenia S. Guinzbourg, "Le Vertige" et "Le ciel de la Kolyma", parue au Seuil dans les années 60. Née en 1904, l'universitaire Evguenia S. Guinzbourg est arrêtée en 1937 pour ne pas avoir dénoncé un collègue trotskyste. Après un procès baclé, elle est condamnée à dix ans de prison, puis la peine fut commuée en autant d'années de travaux forcés sur le territoire de la Kolyma, en Sibérie. Elle écrit ses mémoires à partir de 1959 grâce au samizdat diffusé clandestinement. Elle évoque l'horreur du totalitarisme communiste, de cet univers concentrationnaire tragique. A la mort de Staline, elle écrit : "C'étaient des larmes de vingt années. En une minute, tout défila devant mes yeux. Toutes les tortures et toutes les cellules. Toutes les rangées de fusillés et les foules innombrables d'êtres martyrisés. Et ma vie, ma vie à moi, réduite à néant par la volonté diabolique de cet homme". Ces récits autobiographiques ne sont pas disponibles en librairie, malheureusement. Pourtant, ce témoignage poignant reste essentiel pour connaître les horreurs du Goulag que Soljenitsyne avait dénoncé dans les années 70. Un grand merci à Odile d'avoir évoqué Evguenia S. Guinzbourg. Cette autobiographique hors du commun reste toujours d'actualité quand on remarque que le totalitarisme peut resurgir dans les sociétés contemporaines. 

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