J'ai choisi Paris comme thème de lectures pour l'Atelier Littérature du jeudi 16 janvier. J'ai lu récemment "Paris ne finit jamais" de l'écrivain espagnol, Enrique Vila-Matas, publié en 2006. Cet écrivain original et d'une drôlerie ironique raconte dans ce roman autofictif son séjour à Paris dans les années 75. Il se réfère au modèle d'Hemingway, le chantre de la ville lumière des années 30, qui se disait "très pauvre et très heureux" alors que lui, fut "très pauvre et très malheureux". Le texte qu'il compose dans son présent fera l'objet d'une conférence à Barcelone consacrée à l'ironie. Le voilà jeune à Paris, dans une ville post-soixante-huitarde, jouant le rôle d'écrivain en herbe avec un premier roman, "La lecture assassine". En poète maudit, habillé en noir, il se définit comme un "situationniste". Il loge dans une chambre de bonne que Marguerite Duras lui loue. D'illustres personnalités ont défilé dans cette location comme François Mitterrand. Lui, ce jeune homme, ébloui par la vie littéraire parisienne, côtoie donc une grande écrivaine qui parle "un français supérieur". Elle lui donne des conseils d'écriture qu'il essaie de suivre. Cette figure célèbre réapparaît dans le roman avec des scènes très drôles. Il la décrit ainsi : "Je garderai à jamais le souvenir d'une femme violemment libre et audacieuse, qui incarnait en elle à tombeau ouvert, cette désolation dont sont faits les écrivains les moins exemplaires, les moins académiques et les moins édifiants, ceux qui ne cherchent pas à donner à tout prix une bonne image". Notre écrivain amateur se faufile dans les hauts lieux mythiques : Les Deux Magots, le Flore, etc. Il rencontre quelques exilés espagnols et d'Amérique du Sud ainsi que le cercle d'amis de Marguerite Duras qui vient de tourner "India Song". Il traverse ce monde parisien avec un humour dévastateur et se pose la question : où est donc la littérature ? Elle se cache peut-être dans le portrait de Virginia Woolf qu'il a affiché dans sa chambre de bonne ou dans la scène du Luxembourg quand il aperçoit Samuel Beckett sur un banc. Enrique Vila-Matas est un obsédé de littérature tant elle est prégnante dans sa vie. Ce roman ludique et baroque illustre bien la démarche de l'auteur espagnol, mêlant dans ses anecdotes, une réflexion quasi philosophique sur la littérature. Un roman-labyrinthe, un hommage à Paris, la ville des écrivains par excellence où il a ressenti dès les années 70 une atmosphère magique dans le mythique quartier de Saint-Germain-des-Prés.
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