Pierre Adrian, jeune écrivain français mais italien de coeur, s'est fait remarquer par son beau roman, "Que reviennent ceux qui sont loin", publié chez Gallimard, en 2022. Il s'était déjà interessé au destin de Pasolini dans un récit, "La piste Pasolini". Ancien pensionnaire de la Villa Médicis, il réside aujourd'hui à Rome. Il est parti sur une nouvelle piste, celle de Cesare Pavese (1908-1950), un pélérinage émouvant pour tous ceux et celles qui aiment l'Italie et sa littérature. Pierre Adrian révèle dans un article du Monde sa fascination pour Pavese qu'il considère comme "un compagnon" de vie, un frère de coeur, un modèle littéraire. L'écrivain piémontais s'est suicidé dans une chambre de l'hôtel Roma, le 27 août 1950 à Turin. Il évoque chez Pavese le thème du retour : "le retour à l'enfance, à la maison, et le questionnement sur ce que cela signifie d'avoir un pays, un chez soi". L'enquête littéraire démarre à Turin dans la chambre où Pavese a choisi de s'éclipser du monde. Le narrateur est accompagné de son amoureuse, "La fille à la peau mate", elle venant de Paris, lui de Rome et ils se rejoignent pour suivre les traces timides, presque effacées de la vie de Pavese. Pierre Adrian admire, aime ce frère en désespoir, dans Turin, mais aussi dans son village natal, au bord de la mer. Les relations amoureuses de Pavese avec les femmes s'avèraient délicates et difficiles. Cet homme malheureux en amour suscite chez Pierre Adrian une interrogation sur son geste final. Le narrateur explique sa passion "pavesienne" : "Le fait qu'il soit si peu incarné pourrait éloigner de lui alors que je m'en suis rapproché. Je me rends compte que je partage avec lui la tentation du retrait : j'ai tendance à fuir l'actualité, les débats, le présent". Le narrateur rend un "hommage vagabond" à ce poète singulier, un homme attaché à ses racines piémontaises, très prudent dans son engagement politique. Et cette question lancinante sur le suicide de Pavese : un chagrin d'amour, un aveu d'échec, une fatigue de vivre, une dépression ravageuse ? Ce récit mélancolique et généreux berce le lecteur et la lectrice d'une douce musique schubertienne. Un bel hommage d'un écrivain à un confrère en littérature, un frère pour lui, tout simplement. Après avoir lu Pierre Adrian, j'ai sorti le Folio de ma bibliothèque pour le relire plus attentivement, le journal intime, de Cesare Pavese, "Le métier de vivre" et je vais aussi découvrir quelques uns de ses romans comme "La Plage", "Le bel été" et sa poèsie, "Travailler fatigue". Un écrivain italien à lire et à relire.
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